Fractals:

Beyond the Scan: Redefining Nuclear Medicine with

With Guest  Dr. François Tranquart [TRANSCRIPT]

 

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[Paul Martinetti] 

Nous explorons aujourd'hui l'avenir de l'imagerie moléculaire, le développement des radios pharmaceutiques, l'intersection unique entre la recherche académique et l'innovation industrielle. J'ai l'honneur d'accueillir le Dr François Tranquart, un médecin et un chercheur accompli et un leader mondial dans le domaine de l'imagerie et du développement clinique. François a construit une carrière remarquable au cours des 40 dernières années, commençant par plus de deux décennies au Centre hospitalier Université de Tours, où sa pratique clinique et ses recherches ont été tournées vers l'oncologie et l'imagerie cardiovasculaire. 

 

Il est ensuite passé à l'industrie, où, pendant plus de 15 ans, il a dirigé le RAD et des initiatives de développement clinique englobant l'utilisation diagnostique de produits de contraste et de radionucléides. La thérapie a été un autre domaine d'activité, que ce soit par ultrasound focalisé guidé par IRM, radionucléides, ou l'administration de médicaments à l'aide de microbules. François est aussi impliqué dans la fabrication de produits de contraste. 

 

Au cours de sa carrière, François a travaillé intensément avec les agences réglementaires mondiales sur la stratégie de développement pour des inspections et des dossiers d'autorisation de mise sur le marché. Cet engagement a contribué à l'approbation réussie de deux produits d'imagerie. François s'est fortement impliqué dans les stratégies de développement avec la direction de plus de 20 études cliniques de phases 2 à 4. 

 

Ses différents travaux ont été publiés dans plus de 170 articles au comité de lecture. Sa double expérience dans le monde académique et industriel lui confère une perspective unique pour évaluer les besoins médicaux, remettre en question les hypothèses et stimuler des stratégies innovantes qui relient la science et le succès commercial. Bienvenue dans l'émission François et merci de nous rejoindre aujourd'hui. 

 

[François Tranquart] 

Merci Paul pour cette invitation à participer à cet épisode de FRACTALS. Merci aussi de le faire en français, je sais que c'est un challenge pour vous, pour toi, même si tu es bilingue, ce n'est pas nécessairement ta langue quotidienne, donc j'espère que nous allons arriver au bout de cet épisode ensemble. 

 

[Paul Martinetti] 

Merci François, je vous en prie, c'est un grand plaisir. Vous avez une carrière unique de plus de 40 ans, passant du milieu académique à l'industrie. Qu'est-ce qui vous a motivé à faire cette transition et comment ces deux mondes ont-ils façonné votre manière de penser à l'innovation en imagerie? 

 

[François Tranquart] 

Merci Paul pour cette question. Il est vrai que nous sommes peu nombreux à faire ce type de transition, surtout après une longue période en académique et cette transition envers l'industrie. Alors je pense que comme beaucoup, cela correspond à une coïncidence, une opportunité, à un moment de la vie où vous regardez les choses d'une façon un petit peu différente. 

 

Donc ce moment a correspondu à une convergence entre des difficultés que je ressentais dans le domaine académique, une certaine lourdeur d'organisation, des difficultés dans la prise de décisions, des délais pour faire avancer les projets que j'avais en tête, une duplication d'efforts ou une mauvaise coordination qui grevait en fait notre capacité d'innovation, de développement. Et parallèlement à ce moment de questionnement sur que faire, il s'est présenté une opportunité que j'ai considérée comme unique, de rejoindre un groupe mondial pour diriger un centre de recherche avec des équipements, avec un team très engagé, très dédié à la recherche, de toucher aussi un monde que je ne connaissais pas à l'époque, mais en même temps dans un domaine que je connaissais bien au travers de ma carrière académique, à savoir au niveau des agents de contraste ultrasonore. Donc c'est vrai que cette période m'a permis de me poser la question et de sauter le pas, qu'il n'est pas facile en quittant l'académique pour aller dans un domaine que vous ne connaissez pas. Alors après, comment ces deux mondes ont façonné un peu ma manière de penser ? 

 

Avec le recul, je pense que ces deux mondes se complètent parfaitement bien, avec d'un côté une vision académique proche du patient, la possibilité de toucher du doigt un petit peu l'innovation et de voir un peu l'impact de cette innovation pour le patient au quotidien, et de l'autre l'industrie avec une focalisation sur des activités soigneusement sélectionnées, avec un objectif de résultat, quelque chose qui est quantifié, qui est suivi, qui est mesuré régulièrement. 

 

Donc c'est vrai que cette gestion rigoureuse de projets que je ne connaissais pas dans le monde académique s'avère très complémentaire, avec aussi des domaines de recherche qui sont très complémentaires, avec un overlap entre les deux qui est très important. Donc une liberté peut-être plus grande dans le domaine académique, mais aussi dans le monde académique le risque de papillonner sur beaucoup d'activités et peut-être de moins produire. Donc je trouve que les deux sont très complémentaires, et moi en tous les cas façonner ma façon de penser et de garder toujours le patient, le besoin du patient au centre de ma préoccupation. 

 

[Paul Martinetti] 

Oui j'y comprends mieux, et c'est clair maintenant, la satisfaction en fait d'avoir touché sur ces domaines différents, ça ajoute beaucoup à la satisfaction de la carrière. 

 

[François Tranquart] 

Oui tout à fait, et puis on y reviendra peut-être plus tard, mais aussi d'avoir rencontré des professionnels de très haut niveau, extrêmement dédiés à leur domaine, des deux côtés, dans le domaine académique et dans le domaine industriel. Aussi d'avoir eu l'occasion d'interagir avec les agences de régulation, qui apportent aussi une vision un petit peu différente. Donc tous ces éléments vous construisent une façon de penser qui donne un certain recul pour prendre en charge maintenant des projets. 

 

Vous vous tenez compte de ces différentes dimensions pour prendre en charge un projet, et pas seulement dire j'ai une nouvelle technique, je vais l'appliquer. C'est comment l'appliquer, quel est le bénéfice pour le patient, est-ce que c'est quelque chose qui est viable, est-ce que c'est quelque chose qui peut être utilisé dans d'autres services, dans d'autres domaines. Donc voilà c'est un petit peu tout cela qui est le résultat de cette expérience dual. 

 

[Paul Martinetti] 

Est-ce que vous pouvez parler un petit peu des leçons les plus importantes que vous avez apprises pendant ? 

 

[François Tranquart] 

Alors je pense que les leçons elles tiennent à prendre en compte le besoin du patient, c'est-à-dire de voir où en est la science, quel est le besoin médical pour développer une technologie, qu'elle soit d'imagerie ou un nouveau traitement, quels patients vont être intéressés par cette nouvelle modalité. Donc ça c'est je pense l'essence même. Ensuite après je pense que c'est la rigueur, la rigueur dans le concept, dans la mise en œuvre, dans la réalisation, d'être sûr que les résultats que vous obtenez sont parfaitement valides, parfaitement étés, qu'ils seront aussi réplicables dans d'autres services, éventuellement dans d'autres continents. 

 

La démarche, l'aspect transversal, on dit souvent qu'on ne gagne pas seul, on gagne avec un team, mais par contre on perd tout seul. Et je pense que c'est la réalité, c'est comment amener des personnes à travailler avec vous, comment les convaincre de s'engager dans une nouvelle voie. Donc c'est vrai que c'est ces éléments-là, parmi d'autres, qui sont importants et qui amènent un petit peu à continuer à avoir cette motivation pour chercher encore des nouveaux domaines ou des nouvelles applications. 

 

[Paul Martinetti] 

Merci, c'est une perspective fascinante. Je comprends bien, j'adore votre motivation, mais vous commencez toujours avec la passion. J'aime bien ça, c'est le plus important. 

 

Parfois on perd le chemin, on est un peu trop dans les affaires, et on oublie la passion. J'adore quand vous revenez toujours sur la passion. L'imagerie moléculaire et la thérapie par Rigoligon évoluent rapidement. 

 

Où voyez-vous ce domaine se diriger et quelles innovations vous enthousiasment le plus ? 

 

[François Tranquart] 

C'est une belle question. C'est un domaine qui a énormément changé, comme vous le disiez, pour des bonnes et de mauvaises raisons. Voilà, plus de 40 ans que je suis un petit peu dans le domaine, et au cours de ces 40 années, les techniques en imagerie moléculaire ont énormément progressé. 

 

Voilà 40 ans, voilà 30 ans, et peut-être encore même plus au cours des 20 dernières années, avec les techniques répètes. Et puis maintenant, en effet, avec la thérapie. Alors en même temps, la thérapie par radioéléments n'est pas quelque chose de nouveau, parce que c'est quelque chose que l'on fait depuis très longtemps, pour la thyroïde, depuis un petit peu moins longtemps pour les lésions neuro-endocriniennes. 

 

Mais c'est vrai qu'on vit une époque de rêve, avec des nouveaux ligands, une foultitude de ligands, des cibles qu'on est capable d'identifier, d'aller reconnaître, d'aller imager de façon extrêmement précise. Et puis les traitements, avec un certain nombre d'isotopes, on était restreint il y a 30 ou 40 ans à l'iode. Et puis maintenant, il y a tous ces isotopes qui sont en développement, qui sont en utilisation, que ce soit des émetteurs bêta, des émetteurs alpha, et autres, avec des électrons. 

 

Donc c'est vrai que c'est une époque qui est en train d'exploser, et qui est extrêmement prometteuse. Alors c'est vrai qu'on a vu ce développement pour la prostate, qui aujourd'hui, je dirais, reste un domaine que personne n'avait sans doute imaginé il y a une quinzaine d'années, peut-être même il y a 10 ans. Mais je pense qu'on est encore au début de cette ère, avec de nouvelles cibles, de nouvelles applications sur d'autres lésions, d'autres cancers, avec aussi une transition, que je vois un petit peu apparaître, d'un stade très évolué, où on était plutôt en train de proposer cette radiothérapie métabolique, ou RLT, pour des stades très avancés, quasiment palliatifs, en se disant, on peut peut-être faire un petit peu mieux. Et en fait, on est en train de remonter la chaîne pour aller de plus en plus tôt dans la prise en charge thérapeutique de ces patients, parce que l'effet thérapeutique est là, et il y a peu ou pas d'effet secondaire quand les choses sont bien faites. Donc c'est vrai qu'on voit des changements se faire dans la prise en charge du patient, des solutions variées, une prise en charge précoce, une imagerie extrêmement fine de dépistage, c'est-à-dire qu'on va peut-être même aller de plus en plus tôt, parce qu'on va peut-être pouvoir détecter des lésions qu'on ne voyait pas bien. 

 

Et donc c'est vrai que c'est extrêmement prometteur. Je pense que pour quelqu'un qui arrive aujourd'hui dans le domaine de l'imagerie moléculaire, de la radiothérapie métabolique, c'est exceptionnel. Oui, c'est une ère que je qualifierais de bénie pour trouver des applications nouvelles. 

 

L'intelligence artificielle va peut-être aussi jouer un rôle à voir, on est encore au début. Je pense que beaucoup de choses sont faites, beaucoup de voies sont identifiées. Attendons encore un peu quelques résultats pour affirmer ce qu'on voit apparaître. 

 

Mais oui, peut-être qu'on ébahit sur la place qu'occupe aujourd'hui la médecine nucléaire. Alors médecine nucléaire, imagerie moléculaire, radiothérapie par ligands, tout ça, je dirais, tient de la même obédience. Soyons ouverts et regardons les vraies possibilités, mais elles sont immenses. 

 

[Paul Martinetti] 

Le résultat, c'est un traitement très personnalisé. 

 

[François Tranquart] 

Oui, on en a parlé beaucoup de ce traitement personnalisé, de ce tailored treatment, pardon pour le mot anglais. Je pense que maintenant on y est, parce qu'on a des moyens d'imager les patients de façon extrêmement fine, de savoir où sont exprimés certains récepteurs, certains marqueurs, et donc de pouvoir savoir est-ce que ce patient va être un bon candidat pour ce traitement ou pour ce traitement. Et à partir de cela, de pouvoir déterminer exactement quelle dose, on va pouvoir aussi monitorer de façon extrêmement précise la réponse au traitement. 

 

Donc c'est vrai que c'est quelque chose qui est maintenant réalisable, de faire ce traitement personnalisé, quantifié, maîtrisé, et on va aller encore de plus en plus vers, pour affiner vraiment la délivrance de médicaments de façon locale pour éviter d'avoir des effets secondaires généraux, même si les radios pharmaceutiques sont administrées par voie intraveineuse ou autre, mais on va avoir cet effet local et ne pas avoir d'effet secondaire. 

 

Donc ça c'est quand même des choses qui sont marquantes et qui vont guider nos travaux dans le futur. Alors c'est un élément qui est sans doute un petit peu perturbant pour l'industrie, justement. C'est vrai que l'industrie a toujours cherché à avoir des gros marchés, des grands marchés, parce que les grands marchés sont plus intéressants qu'à des tout petits marchés. 

 

Mais peut-être qu'il va falloir penser un petit peu différemment pour avoir des traitements très spécifiques pour certaines catégories de patients qui ne seront peut-être pas des très grands marchés, mais qui auront un bénéfice clinique extrêmement important pour les patients. 

 

[Paul Martinetti] 

Excellent, merci. Je voulais revenir, vous avez dit de l'intelligence artificielle, qu'on affronte tous les jours avec des nouveaux systèmes. Donc dans l'intelligence artificielle, on sait ce qui est important en fait, c'est la manière de s'en servir. 

 

En tout petit détail, ça peut faire des grosses tâches ou des toutes petites choses. Avez-vous des idées peut-être où on devrait commencer à réfléchir sur l'intelligence artificielle dans votre domaine ? 

 

[François Tranquart] 

C'est une question plus délicate. Je pense que l'intelligence artificielle va nous aider à mieux déterminer des classes de patients, parce que je pense que pour tout médecin, tout groupe de médecins, on est submergé par un certain nombre d'informations, et l'intelligence artificielle va nous aider à classer ces informations, à avoir des ressemblances, des dissemblances entre des groupes de patients, et du coup de mieux identifier certains groupes de patients qui peuvent être des bons candidats pour certains traitements ou d'autres traitements. Donc ça je pense que c'est quelque chose qui est déjà en route, mais qui va encore s'affiner pour vraiment bien guider l'aspect thérapeutique. Il est possible aussi que l'intelligence artificielle nous aide dans le domaine de l'imagerie pour identifier des apparences, des lésions qui ne sont pas nécessairement visibles ou interprétables de façon optimale, et peut-être qu'on va prêter attention d'une façon différente. 

 

Après, c'est vrai qu'aujourd'hui, il y a tellement d'applications, tellement de développement sur la dose, sur la qualité d'image, des choses. Alors, je pense qu'il faut faire attention à l'utilisation, il faut que ce soit fait en effet à bonne escient, il faut avoir un objectif clair, peut-être, pour savoir en effet à quoi ça va servir, comment je vais m'en servir. Malgré l'importance et la qualité de ce que l'on voit apparaître, il est important que le médecin reste quand même la cheville ouvrière de tout l'ensemble. 

 

Voilà, je ne pense pas que l'intelligence remplacera le médecin, par contre le médecin doit s'approprier cette intelligence pour l'aider à avancer, à voir les choses d'une façon différente. Donc, c'est de trouver ce bon équilibre. En tous les cas, il faut travailler avec, il faut l'intégrer dans la pratique quotidienne parce qu'elle est là et qu'elle apporte un certain nombre de choses. 

 

[Paul Martinetti] 

Sans enfreindre la confidentialité, pouvez-vous partager une découverte intéressante et ou imprévue dans le cadre d'un projet client ? 

 

[François Tranquart] 

Alors, c'est un petit peu difficile. Alors, ce n'est pas nécessairement une question de confidentialité. Je le vois plus comme, je dirais, un reflet de ma pratique académique. 

 

Et je voudrais juste prendre deux exemples, même si maintenant avec le recul, je dirais que c'est quelque chose qui est plus connu. Mais je voulais par exemple prendre l'exemple des traceurs amyloïdes pour la maladie d'Alzheimer et en fait d'avoir cette utilisation qui est maintenant en train d'émerger, un peu plus que cela, pour les cardiopathies amyloïdes et de pouvoir faire ce diagnostic. Donc simplement, en fait, de passer du cerveau au cœur nous permet d'avoir un autre regard sur la pathologie cardiaque amyloïdes, de voir ces différences entre différents types de cardiopathies. 

 

C'est un des exemples où en fait de changer d'organe nous permet d'aller vers une information différente. Donc ça, c'est quelque chose qui est intéressant. Dans un domaine un petit peu voisin, plus récent, avec les traceurs FAP, bien sûr, on connaît la place pour l'oncologie, mais encore de voir cette accumulation du traceur, cette optique au niveau cardiaque, en post-infarctus, qui ouvre peut-être des possibilités thérapeutiques intéressantes. 

 

Donc voilà, je pense que c'est peut-être quelque chose qu'il faut aussi garder à l'esprit, c'est en fait d'avoir, bien sûr, des applications pour nos traceurs en oncologie ou en cardio ou en neuro, mais aussi de regarder peut-être à l'extérieur du domaine d'indication, de voir quel est le potentiel de ces traceurs. C'est peut-être là justement cette notion de verticale et transversale, un peu matricielle, qui souligne aussi la place du médecin nucléaire. Peut-être qu'un oncologiste utilisant la médecine nucléaire va rester focalisé sur l'oncologie. 

 

Le médecin nucléaire va avoir peut-être cette vision plus transversale justement de voir des potentialités qui vont enrichir l'arsenal diagnostique et potentiellement thérapeutique. Donc je pense que c'est un petit peu ces deux exemples qui illustrent cette potentialité. 

 

[Paul Martinetti] 

Pourriez-vous partager un point fort et un point fort de votre carrière ? 

 

[François Tranquart] 

Si vous voulez. Oui, bien sûr. Ça m'intéresse beaucoup. 

 

Le point fort, on l'a mentionné tout à l'heure, c'est ma transition vers l'industrie parce que j'avais une certaine compétence en académie. Mais j'ai découvert un monde très différent et j'ai appris énormément du contact avec mes collègues dans l'industrie. Et ça a été un enrichissement très important, très fort au cours de ces années avec mes collègues. 

 

Donc ça, je dirais que c'est quelque chose qui m'a fait grandir. C'était un choix assumé difficile, mais en même temps extrêmement bénéfique. Après, le point faible, alors peut-être de ne pas avoir eu l'opportunité de partir à l'étranger plus tôt dans ma carrière. 

 

Et peut-être de ne pas avoir eu cette opportunité de découvrir l'industrie plus tôt dans ma carrière. Peut-être que d'avoir fait un passage aurait changé un peu ma vision sur un certain nombre de points, de pratiques. Et peut-être que je serais resté dans l'académique après, je ne sais pas. 

 

Mais voilà, c'est un petit peu les éléments, les points faibles. Autrement, peut-être de temps en temps d'avoir voulu trop se disperser parce que dans votre pratique quotidienne, vous voyez des besoins patients et vous voulez essayer. Et du coup, vous ne pouvez pas tout faire. 

 

Donc, c'est vrai, je pense qu'il faut rester quand même dans un domaine pour être vraiment efficace et ne pas trop vouloir aller regarder ailleurs. Peut-être soulever des opportunités, mais à ce moment-là, les laisser réaliser par d'autres. 

 

[Paul Martinetti] 

Et donc, est-ce que vous, je ne sais pas pourquoi ça m'arrive, cette question, mais vous voyez un patient, par exemple, et ça vous a inspiré, en fait, dans la recherche pour faire du changement, pour avancer? Oui, tout à fait. 

 

[François Tranquart] 

Oui, oui. Oui, parce que voilà, on vous pose une question. Comment diagnostiquer? 

 

Comment faire ceci? Parce que les autres méthodes ne marchent pas bien. Donc, du coup, vous dites, oui, voilà, pourquoi? 

 

Peut-être que cette technique du fait d'éléments spécifiques va permettre de répondre à cette question. Donc, c'est vrai que devant un cas particulier, vous voyez, vous cherchez un petit peu des solutions tout en restant éthique et en préservant, bien sûr, le patient. Mais voilà, vous regardez et vous échangez aussi avec vos collègues et vous dites, peut-être que ceci nous permettrait de mieux voir, de mieux différencier, aussi de diminuer peut-être le risque pour le patient. 

 

Parce qu'au lieu d'aller en finale faire une biopsie qui va être peut-être difficile, qui présente un certain risque, peut-être qu'on peut s'en passer en faisant autre chose. Voilà, donc c'est ce besoin patient qui reste quand même important dans votre motivation quotidienne. 

 

[Paul Martinetti] 

Si on vous donnait 100 millions d'euros à investir, soit dans l'industrie, soit dans la société, où les investiriez-vous? 

 

[François Tranquart] 

C'est une bonne question. Alors, évidemment, je vais me référer à ce que je connais. Bon, dans les deux domaines. 

[François Tranquart] 

Où j'ai un peu travaillé, c'est d'un côté les radionucléides et de l'autre côté les ultrasons avec les agents de contraste. Alors, c'est vrai que si j'avais 100 millions, peut-être qu'aujourd'hui je les investirais dans un domaine que j'appelle les ultrasons thérapeutiques avec les microbules et puis un certain nombre d'autres applications. Alors, pourquoi cela ? 

 

C'est parce que je pense qu'aujourd'hui cette technique est peut-être encore en early stage, en balbutiement, il y a des voies qui apparaissent et peut-être que justement cet argent permettrait d'être un booster pour un certain nombre de travaux, de validations qui sinon vont être un petit peu décalées dans le temps. L'autre opportunité, elle est évidente avec les radioligands thérapeutiques. Simplement, je pense qu'on est aujourd'hui à un moment où on commence à aller vers une certaine maturité dans les radioligands thérapeutiques. 

 

Il y a beaucoup d'initiatives de par le monde, beaucoup de startups. Maintenant, les big pharma s'intéressent à ce domaine avec des moyens qui sont importants mais qui sont également une opportunité pour le domaine parce que les big pharma vont amener aussi une autre vision de ce ligand. C'est vrai qu'aujourd'hui, je serai plutôt dans les ultrasondes parce que je pense qu'il y a besoin de passer un cap mais les radioligands, du fait des opportunités et du fait du besoin, sont nécessairement le plan B. 

 

Si l'un n'avance pas, l'autre va avancer, c'est évident. Mais ça serait mes deux préférences de très loin. 

 

[Paul Martinetti] 

J'aime bien, vous me faites penser à la thérapie et en fait, je préfère que ce que vous venez de parler soit moins massif. 

 

[François Tranquart] 

Oui, on revient un petit peu à ce qu'on disait tout à l'heure c'est qu'on est dans un domaine, dans une époque où on cherche un traitement qui va être efficace, sans effet secondaire, qui va être délivré localement de façon extrêmement précise. Donc en fonction un peu des besoins, on va utiliser l'un ou l'autre, ou les deux en conjonction pour améliorer cette efficacité locale. Aujourd'hui, on voit, si on prend un exemple sur des lésions cérébrales, gliomes ou autres, il y a un certain nombre de traitements qui ont été testés, il y a des radios ligants thérapeutiques qui commencent à être testés. 

 

Et de l'autre, on voit aussi l'utilisation d'ultrasons pour aider à ouvrir la barrière hémato-encéphalique et donc d'ouvrir un petit peu l'opportunité à des médicaments qui, aujourd'hui, ne peuvent pas atteindre les lésions cérébrales. Donc c'est là où, je dirais, ces convergences sont intéressantes, justement pour aller offrir des nouvelles voies sans changer fondamentalement les conditions de traitement, mais en étant beaucoup plus efficaces et sans être invasifs. Je pense que c'est un petit peu ça qui va guider nos travaux dans les années à venir. 

 

[Paul Martinetti] 

Et donc on parle de sauver plus de patients et aussi de faire souffrir moins de patients aussi. 

 

[François Tranquart] 

Oui, parce que c'est vrai qu'on est aujourd'hui dans certains cas, sur certaines pathologies, dans des impasses thérapeutiques. On n'a pas de traitement très efficace. Donc comment utiliser d'autres approches ? 

 

Les radioligands offrent cette opportunité. On voit des résultats récents sur les sarcomes. Ce sont des pathologies qui sont quand même très difficiles à traiter autrement. 

 

Et de l'autre côté, on voit des traitements avec des ultrations qui vont améliorer un peu la délivrance de médicaments. Donc c'est vrai que pour des patients qui ont des gliomes, par exemple, qui sont de pronostics effroyables, c'est quelque chose qui change complètement la vie. Peut-être que des patients qui ont des lésions secondaires cérébrales qui aujourd'hui sont très difficiles à traiter en dehors de la radiothérapie externe, c'est peut-être une voie qui va changer complètement le paradigme. 

 

Donc c'est vrai que c'est quand même essentiel pour ces patients. 

 

[Paul Martinetti] 

Oui, c'est très impressionnant ces avances. Si vous pouviez vous adresser à vous-même à l'âge de 25 ans, quel conseil vous donneriez-vous? 

 

[François Tranquart] 

J'aimerais bien avoir encore 25 ans, mais peut-être que si j'avais encore 25 ans, je n'aurais pas non plus l'acquis que j'ai eu après les 40 ans de carrière. Je dirais en fait ne rien changer. Je ne pense pas que je changerais fondamentalement la façon d'approcher les choses. 

 

Je pense qu'il faut rester passionné, rester proche du besoin du patient, échanger avec le patient, ouvrir les yeux et ne pas vouloir gagner toutes les batailles. Apporter des éléments tangibles pour qu'on puisse soutenir l'acceptation de vos développements par la communauté scientifique, et puis avoir l'occasion de toucher ce domaine de l'industrie. Peut-être qu'on a tendance à trop séparer ces domaines, à vouloir les opposer alors qu'ils sont complémentaires. 

 

Mais oui, je dirais pour moi, en tout cas avec le recul, ne rien changer, rester ouvert, essayer d'innover, échanger avec ses collègues et travailler en groupe. Je ferai sans doute encore quelques erreurs, mais je reste passionné par ce que j'ai pu faire et voir. 

 

[Paul Martinetti] 

C'est excellent. J'étais toujours excellent. C'est inspirant. 

 

Vous avez fait le bon choix. Tout le long de ce parcours. C'est excellent. 

 

[François Tranquart] 

J'ai fait le choix qui me convenait le mieux. Cela ne veut pas dire qu'il faut faire la même chose, mais à chaque personne, il y a quelque chose qui marche bien. Pour moi, c'était ma vie, et j'en suis très heureux. 

 

[Paul Martinetti] 

Ce qui m'intéresse beaucoup, depuis que j'ai vu votre CV, tout au début, vous étiez au bout d'un moment dans la fac de médecine, et vous avez choisi la radiothérapie ou dans cette direction, les rayonnements ionisants vous ont intéressé. Qu'est-ce que c'était tout au début ? 

 

[François Tranquart] 

Je dirais que ça a été une opportunité. Quand je suis arrivé dans mon hôpital, en tant qu'interne, je n'étais pas orienté vers la médecine nucléaire, l'imagerie. J'étais beaucoup plus sur des domaines médicaux, endocrinologie, etc. 

 

Et puis, j'ai eu l'occasion de faire un stage dans un service de médecine nucléaire et ultrasons. Et là, j'ai découvert un domaine que je ne connaissais pas avec un contenu scientifique de réflexion. Et puis, cette imagerie moléculaire, déjà balbutiante il y a 40 ans, mais déjà de dire qu'on voit la façon dont les choses fonctionnent. 

 

Et on ne voit pas seulement le contour de l'organe, mais on voit la façon dont l'organe fonctionne. Est-ce qu'il fonctionne ? Est-ce qu'il ne fonctionne pas ? 

 

Est-ce que les reins se créent normalement ? Est-ce que le cœur est bien perfusé ? C'est quelque chose que je n'imaginais pas parce que nos études ne nous donnent pas vraiment cette information. 

 

Et là, j'ai trouvé quelque chose qui, d'un seul coup, raisonnait vraiment. Et puis après, vous trouvez l'ambiance aussi un mentor qui vous aide, qui vous fait toucher du doigt des choses un petit peu différentes. À partir de ce moment-là, votre carrière prend une coloration différente. 

 

C'est une chance au départ et un désir ensuite. 

 

[Paul Martinetti] 

Merci d'avoir partagé ça. J'étais très curieux. Je tiens à vous remercier énormément pour aujourd'hui, pour votre temps et pour partager tout ce que vous avez partagé avec nous aujourd'hui. 

 

Je crois que ça va inspirer les gens. 

 

[François Tranquart] 

Merci à toi, Paul, pour cet entretien, pour l'avoir fait en français parce que je sais que ce n'était pas facile, et puis pour cet échange qui était très agréable de mon côté également. Merci beaucoup. 

 

[Paul Martinetti] 

Ça me touche beaucoup, merci. C'est un grand plaisir. Merci. 

 

 

 

 

ENGLISH: 

 

[Paul Martinetti] 
 

Hello, I’m Paul Martinetti, Senior Partner at The Bracken Group. Welcome to a special episode of Fractals: Life Science Conversations. Today’s episode will be conducted in French, the native language of our guest.  

 

Today, we explore the future of molecular imaging, radiopharmaceutical development, and the unique intersection between academic research and industrial innovation. I am honored to welcome Dr. François Tranquart, an accomplished physician and researcher, and a global leader in imaging and clinical development. François has built a remarkable career over the past 40 years, beginning with more than two decades at the University Hospital Center of Tours, where his clinical practice and research focused on oncology and cardiovascular imaging. 

He then moved into industry, where for over 15 years he led R&D and clinical development initiatives encompassing the diagnostic use of contrast agents and radionuclides. Therapy was another area of activity, whether via MRI-guided focused ultrasound, radionuclides, or drug delivery using microbubbles. François is also involved in contrast agent manufacturing. 

Throughout his career, François has worked extensively with global regulatory agencies on development strategy for inspections and marketing authorization dossiers. This engagement contributed to the successful approval of two imaging products. He has been heavily involved in development strategies, overseeing more than 20 phase 2–4 clinical studies. 

His work has been published in over 170 peer-reviewed articles. His dual experience in academia and industry gives him a unique perspective to assess medical needs, challenge assumptions, and drive innovative strategies that connect science and commercial success. Welcome to the show, François, and thank you for joining us today. 

[François Tranquart] 
Thank you, Paul, for inviting me to participate in this episode of FRACTALS. Also, thank you for conducting it in French—I know it’s a challenge for you, even if you’re bilingual, it’s not necessarily your daily language—so I hope we’ll make it to the end of this episode together. 

[Paul Martinetti] 
Thank you, François, it’s my pleasure. You have a unique career spanning more than 40 years, moving from academia to industry. What motivated you to make this transition, and how have these two worlds shaped your approach to innovation in imaging? 

[François Tranquart] 
Thank you, Paul, for the question. It’s true that few people make this type of transition, especially after a long period in academia. I think, as for many, it was a combination of coincidence and opportunity, at a moment in life when you see things a little differently. 

At that time, I was experiencing difficulties in academia—organizational heaviness, slow decision-making, delays in advancing projects I had in mind, duplication of effort, and poor coordination that hindered our capacity for innovation and development. At the same time, a unique opportunity arose to join a global group to lead a research center with equipment and a highly dedicated team, in a field I knew from my academic career—ultrasound contrast agents. This period allowed me to reflect and take the leap, which is never easy when leaving academia for a field you don’t know well. 

Looking back, I think these two worlds complement each other perfectly. Academia offers a patient-centered vision, the chance to see innovation’s impact on patients, while industry focuses on carefully selected activities with measurable outcomes. This rigorous project management was new to me from the academic world but proved very complementary, alongside research areas with significant overlap. Academia offers more freedom, but also the risk of spreading oneself too thin and producing less. I find both worlds highly complementary, shaping my mindset to always keep patient needs at the center of my focus. 

[Paul Martinetti] 
That makes sense. It’s clear that experiencing these different areas adds to career satisfaction. 

[François Tranquart] 
Exactly. Also, meeting highly skilled professionals dedicated to their fields in both academia and industry, and interacting with regulatory agencies, offers a different perspective. These experiences shape how you approach projects, considering multiple dimensions—not just applying a new technique but asking how it benefits the patient, whether it’s viable, and if it can be used elsewhere. This dual experience informs everything I do. 

[Paul Martinetti] 
Can you share some of the most important lessons you’ve learned? 

[François Tranquart] 
I would say the main lesson is always considering patient needs: assessing the science, understanding the medical need for a technology—imaging or therapeutic—and identifying which patients will benefit. Then comes rigor—rigor in concept, implementation, and validation, ensuring results are reliable and replicable elsewhere. 

Collaboration is also key. We often say we don’t win alone; we win with a team, but lose alone. Success depends on engaging people, convincing them to follow a new path. These elements, among others, sustain the motivation to explore new areas and applications. 

[Paul Martinetti] 
Fascinating perspective. I love your focus on passion—you always start with passion, which is vital. Molecular imaging and radioligand therapy are evolving quickly. Where do you see the field heading, and which innovations excite you most? 

[François Tranquart] 
It’s a great question. The field has changed enormously over my 40 years, for good and bad reasons. Molecular imaging techniques have advanced greatly, especially in the last 20 years, including therapy. Radiotherapy using radionuclides isn’t new—we’ve long treated thyroid conditions—but we now have a multitude of new ligands and targets, enabling extremely precise imaging and therapy. 

Therapeutic isotopes were once limited to iodine; now beta emitters, alpha emitters, and others are in development. The field is exploding and extremely promising. For prostate cancer, this development is remarkable, and we’re still at the start, exploring new targets and applications in other cancers. We’re moving therapy earlier in the treatment chain, with minimal side effects when done correctly, and imaging is becoming highly refined. 

Artificial intelligence may also play a role, although we are still early. It can help classify patients, identify optimal treatment candidates, and detect lesions that may not be visible otherwise. But physicians remain central; AI is a tool, not a replacement. 

[Paul Martinetti] 
Without breaching confidentiality, can you share an interesting or unexpected discovery from a client project? 

[François Tranquart] 
One example is amyloid tracers for Alzheimer’s disease, now being applied to cardiac amyloidosis, offering new insights. Another is FAP tracers, primarily used in oncology, but also revealing cardiac patterns post-infarct that could open therapeutic possibilities. These examples show the value of thinking beyond the initial indication, highlighting nuclear medicine’s broader potential. 

[Paul Martinetti] 
Could you share a highlight and a lowlight from your career? 

[François Tranquart] 
The highlight was transitioning to industry, learning from colleagues, and growing tremendously. A lowlight might be not going abroad earlier or entering industry sooner. Occasionally, I’ve spread myself too thin—seeing patient needs everywhere—but focus is key to effectiveness. 

[Paul Martinetti] 
Has a patient ever inspired your research to create change? 

[François Tranquart] 
Absolutely. Patient needs often drive solutions, helping to reduce risk or avoid invasive procedures while maintaining ethical standards. Seeing a patient’s challenge inspires practical innovations in imaging and therapy. 

[Paul Martinetti] 
If you had €100 million to invest, where would you put it? 

[François Tranquart] 
I would focus on therapeutic ultrasound with microbubbles and radioligand therapy. Ultrasound is still early-stage, so funding could accelerate development. Radioligands are maturing, with big pharma involvement, but ultrasound currently represents a unique opportunity to advance the field. 

[Paul Martinetti] 
It’s about treating effectively while minimizing side effects. 

[François Tranquart] 
Exactly. Local, precise delivery maximizes efficacy and minimizes systemic effects. Converging approaches, like opening the blood-brain barrier with ultrasound, create new therapeutic possibilities. It’s about saving more patients and reducing suffering. 

[Paul Martinetti] 
If you could advise your 25-year-old self, what would you say? 

[François Tranquart] 
I wouldn’t change much. Stay passionate, patient-focused, collaborative, and open to innovation. Value both academic and industry experiences—they complement each other. 

[Paul Martinetti] 
Early in your career, what drew you to nuclear medicine and imaging? 

[François Tranquart] 
It was an opportunity during a hospital internship. I discovered a field that showed not just organ structure but function. Coupled with mentorship and curiosity, it shaped my career direction. 

[Paul Martinetti] 
Thank you for sharing. Your insights are inspiring. 

[François Tranquart] 
Thank you, Paul. I enjoyed this discussion, and I appreciate your effort to conduct it in French. 

[Paul Martinetti] 
It’s a pleasure. Thank you. 

Fractals is brought to you by Bracken, and is available wherever you get your podcasts. Visit us at thebrackengroup.com or reach out on LinkedIn. We’ll be delighted to speak with you. I’m Paul Martinetti, wishing you sound health and good business. Thanks for listening.   

 

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